DIMANCHE 24 SEPTEMBRE // ÉGLISE SAINT CLAUDE (Besançon)
DU STYLUS FANTASTICUS À L’ART DE LA FUGUE
Les extraordinaires évolution et floraison des musiques nord-allemandes au XVIIème siècle sont intimement liées à celles de la facture d’orgue nord- allemande, haute en couleurs, à travers l’art abouti, définitif, du grand facteur d’orgue hambourgeois Arp Schnitger. Musiques et orgues impressionneront fortement le jeune Bach qui fit à pied le voyage jusqu’à Lübeck pour venir écouter le vieux Maître Buxtehude. A 20 ans, il fut très certainement émerveillé par les Abendmusiken données par Buxtehude à Lübeck, juste avant Noël. Son voyage dura 4 mois au lieu des 4 semaines demandées. À son retour, le Consistoire d’Arnstadt lui reprocha « qu’il faisait depuis ce voyage d’étonnantes variations dans ses chorals, qu’il y mêlait des accords étranges » …
L’orgue construit par le célèbre facteur alsacien Kurt Schwenkedel à l’église St Claude de Besançon a récemment été restauré par Nicolas Martel. C’est le seul instrument d’esthétique allemande de la région. Nicolas Martel lui a ajouté un Posaune de 16 pieds et une Trompette allemande de 8 pieds. L’orgue a été accordé au tempérament Bach-Kellner.
Le stylus fantasticus étant le jeu des oppositions, des contrastes, des tournures de phrases et des harmonies surprenantes, ce concert imagine un face à face entre les débuts de la vie de Bach et ce monument de la maturité qu’est l’Art de la Fugue. Cette oeuvre monumentale et inachevée de Jean-Sébastien Bach a été commencée vers 1740/1742 et poursuivie probablement jusqu’à la mort du compositeur. On peut considérer cette oeuvre comme le testament de Bach, l’art du contrepoint et du canon s’y trouvant à leur apogée.
Ces extraordinaires compositions sont généralement interprétées au clavier, à l’orgue ou au clavecin. La question posée aux interprètes est celle de savoir pour quel(s) instrument(s) cette pièce a bien pu être pensée ? En effet, le manuscrit présente simplement la musique écrite sur quatre portées sans aucune indication d’instrumentation , ce qui explique la grande diversité des appropriations de cet Art de la Fugue. L’Ensemble Les Alizés propose ici une version très lumineuse pour quatre flûtes.